Solution du "Qhi qé core" 9
Nos habitudes alimentaires ont beaucoup évolué en un siècle. Jusqu à la première guerre mondiale, dans nos campagnes, la viande est loin d'être au menu de tous les jours. Encore à cette époque, elle est servie sur de larges tranches de pain à même la table. Pas d'assiette, pas de fourchette, le chef de famille signale le début et la fin du repas en ouvrant ou fermant son couteau avant de le ranger ensuite dans sa poche.
Le plus souvent, on se contente de bouillies ou de soupes. Là non plus, pas d'assiette mais des bols en terre. La cuillère en bois, taillée dans du fruitier ou souvent du buis réputé ne pas donner goût aux aliments, est le principal couvert.
Chacun possède sa propre cuillère, sculptée et décorée pour la différencier et ainsi la reconnaître parmi les autres. Une fois la soupe terminée, elle est soigneusement léchée puis essuyée "sur le coude" pour enfin être replacée précieusement dans le porte-cuillères.
Le porte-cuillères (parailher en breton) est un petit meuble de rangement typiquement breton qui remonte au XVIIème. Positionné au dessus de la table où la famille prend ses repas, il descend à volonté du plafond grace à une poulie et un ingénieux système de contrepoids. Ce qui permet ainsi de prendre ou reposer sa cuillère aisément.
Il retrouve sa place en hauteur une fois le repas terminé.
Les journaliers qui venaient travailler dans les fermes avaient également leur emplacement pour poser leur cuillère personnelle. Lorsque l'un d'eux décidait de ne pas revenir le lendemain, il ne la reposait pas à sa place. Ainsi le fermier comprenait qu'il ne faudrait désormais plus compter sur lui. Mais ceci est une autre histoire...