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Le Chêne quessoyais
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9 novembre 2011

Vingt ans seulement.

          Le monument aux morts est avant tout une liste de 155 noms gravés en rouge sang dans le granit. Une liste banalisée par les années. Nous tendons à oublier que derrière chacun de ces noms se cache une tragédie, la perte d'un être cher, un oncle, un frère, un fils, emporté en pleine jeunesse. Dans notre commune, huit d'entre eux n'avaient que vingt ans.

liste 1bis

 

         Mathurin LAVIGNE est né le 8 novembre 1893 à Crézouard. Son père, prénommé également Mathurin, est laboureur et sa mère, Marie-Françoise ROBERT, ménagère. Deux professions très courantes dans nos campagnes à l'époque.

          Le 2 août 1914, jour de la mobilisation générale, Mathurin est sommé de rejoindre son lieu de casernement à Brest : le 19ème Régiment d'Infanterie. Le 8 août, nos soldats quittent Brest sous les ovations de la population. Dans les différentes gares traversées, les trains transportant les régiments sont acclamés par la foule. Le 10 août, le convoi s'arrête. Il faudra cinq jours de marche pénible, sous une chaleur torride, pour rejoindre les bords de la Meuse. Après quatre jours d'exercices et de travaux de défense sur les hauteurs de la rive droite, départ pour la frontière belge où le régiment est très chaleureusement accueilli le 21 août. Au cours de la soirée, l'ordre d'offensive est donné : "L'ennemi sera attaqué partout où l'on le rencontrera."

          Le 22 août au matin, le bataillon marche en colonne en direction du village de Maissin. Vers 12h00, les tambours et clairons sonnent la charge, et, drapeau déployé, les soldats s'élancent, baïonnette au canon. Les 400 mètres de prairie les séparant du village sont rapidement franchis par les premières sections. Surpris, les allemands se ressaisissent vite et bombardent d'obus la prairie.

Prairie

 

                                                                                     Les tirs de mitraillettes ennemies, cachées dans le village, font beaucoup de dégâts. En début d'après-midi, les survivants luttent dans un combat de rue très meurtrier. Partout, à perte de vue, des morts, des blessés français et allemands, gisent sur le champ de bataille. Maissin est dévasté, ruiné. Les pertes en hommes sont très élevées des deux côtés.

          C'est sur ce champ de bataille que Mathurin, à l'âge de vingt ans, laissera la vie. "Tué à l'ennemi" selon la formule consacrée.

fiche LAVIGNE

         

          Marie-Ange LAGREE est du Briscordet. Il vient d'avoir 19 ans quand arrive l'ordre de mobilisation. En décembre 1914, il rejoint le front avec son corps d'armée : le 410ème Régiment d'Infanterie. La vie y est très dure. Non seulement dans les tranchées mais également au repos, dormant par les froids les plus rigoureux dans des granges ou abris non chauffés. Les pneumonies, les angines, la grippe espagnole, frappent les plus faibles.

Hopital militaire d'Amiens

Hôpital militaire à Amiens

          Marie-Ange tombe malade. Il s'éteindra le 8 juin 1915 dans un hôpital militaire à Amiens. Son corps repose aujourd'hui dans la nécropole nationale de Saint Acheul dans cette même ville, à côté de son frère Jean décédé dans le même hôpital neuf mois plus tôt. 

fiche LAGREE

           

         Louis TREHOREL, comme Mathurin LAVIGNE, est de Crézouard. Son père : Louis et sa mère : Marie-Rose BAUDET ont également les mêmes occupations que leurs voisins.

          Le 16 juin 1915, Louis se retrouve en enfer, l'enfer du Labyrinthe, au nord d'Arras. Labyrinthe de boyaux dont les "boches" ont fait une véritable forteresse. "On n'en sort pas du Labyrinthe".

 

Tranchée

          C'est là que Louis finira sa courte vie, à l'âge de 20 ans et demi.

Fiche TREHOREL

 

          Victor ORIOU est né le 18 août 1894 à l'Hôpital en Quessoy. Son père Ernest, menuisier, et sa mère : Jeanne LAGREE doivent être fiers de lui quand il entre au 1er Régiment de Marine.

marins

          Son régiment est alors envoyé en Belgique, entre Nieuport et Dixmude. Sa mission est de tenir coûte que coûte le secteur. Combattant dans des conditions effroyables sous les bombardements et les attaques d'infanterie, la brigade tiendra et ne cédera pas. Mais plus de la moitié de ses effectifs sera perdue dans les combats.

          Victor n'aura pas la chance de s'en sortir. Il sera tué le 30 juillet 1915. Il dort maintenant son dernier sommeil dans le cimetière national Notre-Dame de Lorette à Ablain, dans le Pas de Calais, près de ses camarades.

Fiche ORIOU

 

 

          Encore un jeune gars de l'Hôpital : Mathurin JOUANNIN. Son père, Joseph, est charpentier. Sa mère, Jeanne LEMEE, fait des ménages. 

          Il n'a pas encore 19 ans quand il rejoint le 155ème régiment d'infanterie. Puis le front, l'enfer des tranchées, la 2ème bataille de Champagne.

          Le 25 septembre 1915, l'artillerie essaie de rompre les positions allemandes d'Aubérive à Ville-sur-Tourbe. La première ligne est anéantie sous un déluge d'acier et se trouve enfoncée sur trois kilomètres. Mais nos soldats butent alors sur une seconde ligne allemande à contre-pente avec un réseau de barbelé intact et infranchissable. Du Mesnil à Ville-sur-Tourbe, le front ne bouge que de quelques centaines de mètres, les positions aménagées en fortin sont imprenables.

Lab

          C'est un échec. Mathurin y laissera la vie le 3 octobre.

fiche JOUANNIN

    

          Ange DAVID est né le 31 mars 1896 à la Ville Pin. Son père, Louis, est aussi laboureur, et sa mère : Louise LE HERISSE, ménagère.  En avril 1915, il rejoint le 71ème Régiment d'Infanterie à la caserne Charner à Saint Brieuc. De là, quelques jours plus tard, aura lieu le départ vers le front. Fataliste et résigné, il part avec l'espoir de rentrer vite. "La guerre sera courte " avait-on dit.

         Deux ans après nous y sommes encore. 

         "Jeudi 1 juin 1916, sur la rive gauche de la Meuse, succession de violents combats. L'ennemi, à la suite d'un bombardement de deux jours, a lancé des attaques concentriques et répétées, à gros effectifs, sur nos tranchées à l'est du Mont-Homme et de part et d'autre du village de Cumières. Il a été repoussé avec de grosses pertes. Toutefois, au sud du bois des Caurettes, nous avons dû évacuer nos tranchées de 1ère ligne nivelées par le bombardement. Au sud de Cumières, nous avons d'abord été refoulés dans la direction de la station de Chattancourt, mais une vive contre-attaque de nos troupes nous a permis de ramener l'ennemi jusqu'aux abords du village. Les fractions allemandes qui, à la faveur du brouillard, s'étaient glissées le long de la Meuse jusqu'à notre tranchée ont été anéanties par nos feux."

attaque

          Ce 1er juin, Ange sera tué lors d'une attaque à Chattancourt. Il y a deux mois, il fêtait ses vingt ans.

fiche DAVID

 

          René MAHE est le fils de Jean MAHE et de Françoise DARCEL de la Ville-Glé. Il est né le 30 septembre 1896. A la mobilisation, il rejoint le régiment de réserve : le 324ème R.I.

            "Bataille des Monts de Champagne" 

          Les monts de Moronvilliers ont constitué un point d'observation stratégique pour l'armée allemande. Leur prise inverserait la situation et permettrait aux français une vue sur les arrières ennemis. La "bataille des Monts de Champagne" se déroulera du 17 avril au 20 mai 1917.

          Le 20 avril, les Français sont au sommet du Mont-Blond, du Mont-Haut et du Mont-Sans-Nom. Les Allemands contre-attaquent violemment depuis le tunnel du Mont-Cornillet qui constitue un refuge pour toutes les troupes ennemies, rendant longtemps la victoire indécise.

          Il faudra attendre un mois, le 20 mai, pour qu'un obus de 400 mm, tiré depuis le camp de Mourmelon, atteigne une cheminée d'aération de la forteresse et asphyxie 600 jeunes soldats allemands. Le tunnel est évacué.

INT

Intérieur du tunnel du Cornillet le 20 mai 1917 

 

          Le Mont Cornillet est pris mais va subir un déluge de feu allemand. L'ennemi, conscient d'une défaite qu'il juge intolérable et probablement définitive va faire tirer toute son artillerie et essaie pendant plusieurs jours des contre-attaques.

          C'est au cours de l'une d'elles, le 31 mai, que René perdra la vie. Il rejoint son frère Jean, décédé un an auparavant des suites de blessures de guerre.

Fiche MAHE

 

          Alexandre BASSET  n'est pas né à Quessoy mais à Hénon le 27 octobre 1896. Ses parents, François et Alexandrine BULLY viendront s'installer à Quessoy par la suite. C'est donc à La Motte qu'Alexandre a passé son enfance.

          Le 1 septembre 1916, il est incorporé dans le 247ème régiment d'infanterie.

          Dans la Meuse, le 4 août 1917, le 247ème R.I. reprend le secteur de Bezonvaux, village qui a eu la malchance de se trouver en pleine zone de combats.

 

BE 

Vue de Bezonvaux

          Le 14, l'artillerie déploie une grande activité. On sent qu'une attaque est proche. Les bombardements intenses seront fatals à Alexandre. Lui aussi n'avait que 20 ans.

Fiche BASSET 

            

 

 

          Le 11 novembre 1918, l'Armistice est signé.

          Le onzième jour du onzième mois à la onzième heure, les armes se tairont enfin.

         

enterrement

 

 

         

           

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Commentaires
Y
ce premier gars de Quessoy a du croiser mon grand-père, à Brest. J'ai une photo d'un journal, ou il y un groupe du régiment de Brest, et je crois y voir mon grand-père ; le garçon y est peut-être aussi.
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